Heymathieu

Gunslinger Girl

Revenons au pays du soleil levant afin de parler d’un manga qui me tient particulièrement à coeur : Gunslinger Girl.

Commencé en 2002, le manga de Yu Aida est publié dans le magazine Dengeki Daioh, j’ai eu la change de découvrir cette série par le biais de son adaptation animée produite par le studio Madhouse, mais j’aurai l’occasion d’en parler plus tard.

Commençons par le synopsis :

L’Italie est en pleine crise, le Nord souhaite son indépendance afin de pouvoir profiter de ses richesses alors que le Sud fait face à un fort taux de chômage et d’immigration. Afin de faire pression sur le gouvernement, un mouvement extrémiste nordique multiplie les actions terroristes (enlèvements, attentats sur des lieux publics, meurtres…). Pour faire face à cette situation le ministère de l’intérieur met au point un nouveau projet : créer des cyborgs surpuissants capables de faire sans broncher le sale boulot du gouvernement et ainsi enrailler ce mouvement extrémiste.
Cependant « création de cyborgs » cache un sens bien moins morale que l’on pourrait l’imaginer, c’est donc sous le nom de Bureau d’Aide Sociale que le gouvernement italien accueille des jeûnes filles ayant tout perdu. Après un lavage de cerveau, un remodelage complet de leur corps profitant des dernières avancées médicales et une forte addiction à un « remède », les fillettes sont opérationnelles et mises sous la responsabilité d’un tuteur pour qui elles seraient prêtes à donner leur vie. Ce couple porte le doux nom de : Fratello.

Mon Avis :

J’ai souvent lu des comparaisons entre Gunslinger Girl et Noir, hormis de jeunes filles portant des pistolets, il n’y a vraiment pas de quoi en faire. Gunslinger girl n’est pas un manga porté sur l’action, bien que certaines scènes soient présentes, elles servent avant tout à faire évoluer les personnages ainsi que les relations que ces derniers entretiennent.
Ce que Yu Aida ne manquera pas ne nous rappeler au fil des volumes, c’est cette fatalité, cette tragique destinée qui poursuit les cyborgs, car si au premier abord ils semblent invincibles, ils sont en fait soumis à un lourd traitement réduisant considérablement leur espérance de vie.
Face à ce destin, le comportement des tuteurs diffère du tout au tout. Entre une totale indifférence et un profond sentiment d’attachement, entre la considération de ces cyborgs comme des enfants ou des machines à tuer, nous aurons l’occasion de découvrir ces différents points de vue par le biais des tuteurs, à jamais prisonnier de leur passé. Les flash-backs sont très présents tout au long de l’oeuvre, justifiant les actions de chaque personnage, les rendant plus intéressants et attachants. Il en va de même pour les fillettes qui malgré le lavage de cerveau conservent leur caractère et quelques automatismes de leur vie antèrieure.
C’est avec une grande maîtrise que Yu Aida met en scène le douloureux passé des protagonistes face à l’incertitude de leur futur, Gunslinger Girl n’est une histoire moralisatrice, mais une observation comportementale face à l’inéluctable.

Quelques extraits du tome 9.

Des précision sur le manga :

Au niveau du dessin, ce dernier évolue considérablement au cours des volumes. Au départ assez sombre, le trait devient petit à petit plus fin, les décors plus fouillés et les personnages plus charismatiques. C’est un véritable bonheur que de découvrir les derniers tomes. Cependant c’est un véritable supplice d’attendre la sortie du prochain volume, la durée moyenne est d’un an.

Les adaptations animés :

Gunslinger Girl a connu 2 adaptations animés, la première fut réalisée par le studio MadHouse avec à sa tête Morio Asaka (Nana, Chobit, Cardcaptor Sakura…), considérée comme la première saison, elle se repose sur les quatre premiers tomes. Le manga n’étant à l’époque par très avancé, le scénario n’est pas totalement fidèle à l’original, le studio ayant préféré innover plutôt que laisser le téléspectateur sur sa faim. Cependant, l’ambiance est là, comme dans les premiers tomes, une atmosphère malsaine entoure les agissements peu moral de ce Bureau d’Aide Social, renforcée par un chara-design mature et une OST classique se combinant parfaitement avec l’architecture italienne. Une remarque particulière pour l’opening ayant été réalisé par le groupe anglais The Delgados (dont je recommande toute la discographie) et qui est tout bonnement superbe.

La seconde saison a malheureusement été réalisée par un tout autre studio : Artland. Pourquoi malheureusement ? car l’ambiance n’est plus présente. Au lieu de s’appliquer sur cette franchise, le studio réalise un animé bas de gamme, le chara-design et l’animation sont digne d’un HS de naruto et l’OST perd toute sa profondeur pour des petits rythmes electro sans vie. Seule réjouissance, la présence de Yu Aida à la production, de ce fait, le scénario est plus proche de l’original et il en va de même pour le chara-design.
Il est regrettable que cette association ne se soit pas faite pour la première saison.

Petite comparaison entre la saison 1 et 2, respectivement à gauche et à droite :